Saucisses fumées

Les saucisses fumées font partie intégrante du patrimoine culinaire alsacien. Plus qu’une simple charcuterie, elles incarnent tout un pan de la vie paysanne d’autrefois, où l’on tuait le cochon en famille, en hiver, et où l’on conservait chaque morceau avec soin, en le salant, en le séchant, ou en le fumant.

Ces saucisses sont issues de ce savoir-faire ancestral. Préparées à base de viande de porc hachée, assaisonnées avec du poivre, de l’ail, du sel, parfois une touche de muscade ou de cumin, elles sont ensuite embossées dans des boyaux naturels, puis fumées lentement au bois de hêtre ou de sapin, dans des fumoirs traditionnels.

Le fumage n’est pas une étape décorative : c’est un art. Il doit être maîtrisé pour apporter du goût sans excès, une conservation naturelle, et une robe ambrée caractéristique. Chaque artisan a son bois, sa durée, sa température. Samuel, à la boucherie Sigmann, perpétue cette tradition avec patience et régularité, dans le respect du produit.

Autrefois, on accrochait ces saucisses au plafond de la cuisine ou dans les greniers à charcuterie, au-dessus du poêle, pour les garder tout l’hiver. Elles accompagnaient les grands plats mijotés : la choucroute, évidemment, mais aussi la soupe de légumes, les pommes de terre en robe des champs, ou les ragoûts du dimanche.

Aujourd’hui encore, leur goût rond, profond, légèrement fumé et salé juste ce qu’il faut, réchauffe les tables et ravive les souvenirs. Ce sont des saucisses vraies, sans raccourcis ni artifices, qui parlent aux gourmands comme aux nostalgiques. Elles sont là quand le froid revient, quand la cuisine se fait lente et généreuse, quand le fumet s’échappe de la cocotte.

Dans un monde qui va vite, les saucisses fumées alsaciennes prennent leur temps. Et c’est pour ça qu’on les aime.